Silicon Valley : la nouvelle série qui tire le portrait de la Baie

Après Beverly Hills, voici Silicon Valley sur les écrans :  2 séries télévisées prenant place en Californie, 2 portraits d’une jeunesse américaine hors du commun…

Dès les premières minutes du premier épisode, le cadre est posé et l’on s’y croirait : un groupe de nerds se retrouve propulsé au beau milieu d’une soirée organisée par un millionnaire. Tout y est : les grands patrons, des artistes connus, la jet-set locale…

Certes, certains se plaindront du trop-plein de références en criant à la caricature : de la bible locale qu’est TechCrunch, au discours lyrique prônant la consommation de drogue pour atteindre des “visions” subliminales, en passant par les codes vestimentaires, les conversations techniques imbitables pour le néophyte qui ne sait pas coder, les CEOs élévés au rang de gourous, tout y passe.

Mais, force est de reconnaitre que la série réussit avec brio à dépeindre l’atmosphère d’une région du monde qui n’a pas d’équivalent culturel. Tout jeune, le personnage principal met au point un logiciel de compression (pour vous la faire courte) qui attire subitement sur lui les feux des projecteurs. En quelques secondes, des offres de rachat aux montants astronomiques pleuvent sur lui. Et la question classique pour tout entrepreneur s’impose alors : faut-il vendre son bébé à une multinationale et devenir instantanément millionnaire ou faut-il parier sur la croissance de la dite start-up (potentiellement une affaire financière encore plus juteuse) ? Telle est la question.

Et loin d’être anodine, elle aborde un pan clé de la Silicon Valley : le rapport de ses résidents à l’argent. Tout le monde sait bien que San Francisco est une ville chère, tout le monde a entendu parler de la crise du logement et de l’envol des loyers, tout le monde sait qu’il y a une concentration incroyable de grandes fortunes dans la baie… mais ce dont les gens parlent moins souvent, c’est des crises existentielles provoquées par cette abondance d’argent. Or, si le LSD fait des ravages, les dollars par millions ne sont pas moins dangereux. Problèmes de riches me direz-vous, ne les sous-estimez cependant pas.

L’un des enjeux pour le réalisateur Mike Judge était de mettre en lumière que les gens promis à la réussite ne sont pas toujours en mesure de la gérer. Et c’est effectivement ce dont il rend compte : un groupe de geeks se retrouve embarqué dans la folle aventure de l’entrepreneuriat, sans nécessairement être pleinement préparé à la vivre. Comment survivre dans ce monde qui marche sur la tête ? Le darwinisme moderne est-il la seule issue :faut-il s’adapter pour survivre? Comment ?

La question de savoir si l’argent rend heureux est vieille comme le monde. Mais, elle est particulièrement cruciale dans certains centres névralgiques du business mondial comme la Silicon Valley ou Wall Street. L’ambition, le pouvoir créent des addictions qui laissent des stigmates profonds chez ceux qui commencent à y toucher. Toute la difficulté consiste alors à savoir s’arrêter quand on a “assez”: d’argent, de reconnaissance…  mais comment définir ce palier dans des bulles aussi déconnectées de la réalité?

Il est fort probable que cette interrogation prenne encore plus d’épaisseur avec les jeunes générations. Par rapport à leurs aînés, les 14-34 ans, encore appelés “Génération Y”, ont en effet cette volonté de donner du “sens” à leur travail, à leurs actions, à leur vie en général. Comment la course au “toujours plus” se conciliera-t-elle à la volonté de contribuer à quelque chose de “meilleur”? La suite de Silicon Valley nous apportera peut-être des éléments de réponse…