Pendant que le Sénat américain se penche sur un relèvement des quotas d’immigration de travail, la Silicon Valley organise une résistance depuis les eaux internationales aux portes de la Baie.

Un groupe baptisé “Partnership for a New American Economy” estime qu’une pénurie de 230.000 diplômés frappera l’Amérique dans les cinq ans. Entre 1995 et 2005, 52% des start-up créées en Silicon Valley comptaient un étranger parmi leurs fondateurs. Quelques exemples: Jerry Yang (Yahoo!), Steve Chen (Youtube) et Sergey Brin (Google).
Début avril, le plafond annuel des 65.000 visas de travail H1B était atteint en cinq jours à peine, laissant des milliers de travailleurs et futurs entrepreneurs sans recours. Les procédures permettant à une entreprise de recruter un candidat immigrant s’avèrent longues et coûteuses – atteignant rapidement 10.000 dollars US, sans garantie de résultat -.
Les quotas sont insuffisants et la situation semble préoccupante pour la vivacité de l’industrie high tech. Pour y répondre, la Silicon Valley s’organise en lobby auprès des autorités à Washington. Le Congrès s’y montre – nécessité économique – réceptif: un visa réservé aux entrepreneurs et un rehaussement significatif du nombre de visas de travail sont en jeu. Le Sénat y travaille depuis le jeudi 9 mai.
Pendant ce temps, dans l’Océan…
En avril, le Canada lançait un programme d’obtention de titre de séjour permanent à destination des entrepreneurs. Fin avril, le gouvernement français empruntait la même voie. Une solide concurrence pour la Silicon Valley, une seconde chance pour ceux qui ont perdu tout espoir de s’installer dans la Baie.
La Vallée, pénalisée, le sait et l’offensive s’organise pourtant au bord de l’eau. Dans l’année, un paquebot de la société Blueseed battant pavillon des Bahamas pourrait s’ancrer dans les eaux internationales, au large des côtes californiennes. Pour s’y installer, un simple passeport ou visa de tourisme suffirait. Le projet, surnommé le “GooglePlex des mers”, a beau être encore très flou, près de 1.300 candidatures seraient déjà enregistrées.
Les “Pirates de la Silicon Valley” comptent parmi eux des entrepreneurs et ingénieurs connus, parmi lesquels des représentants de Yahoo!. Ils prévoient que le vaisseau, destiné à jeter l’ancre à 12 miles des côtes, devrait être opérationnel au 3e trimestre fiscal 2013, c’est-à-dire demain. L’été 2014 est cité comme une plus probable date de lancement.
A quel prix ? A peu près celui d’un studio à San Francisco, aux alentours de 1.600 USD par mois: 1.200 pour une cabine partagée, jusqu’à 3.000 pour une cabine single. Le prix inclut l’accès à des bureaux et installations de travail. Mais Blueseed ne se limite pas à la recherche de futurs chefs d’entreprise et génies: les incubateurs sont aussi les bienvenus à bord.
Simple bras de fer avec les autorités ou véritable arsenal de guerre? Nul doute que le Sénat y prête en ce moment une attention particulière dans ses travaux, de peur de voir les Bahamas et les Îles Marshall prendre le relais.
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